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grandissait de jour en jour et la princesse finit par s'en apercevoir. Une nouvelle fois, Mme de DIESBACH dut intervenir. Jacques lui confia l'objet de son tourment. Mme Élisabeth s'exclama :
« Ainsi, j'ai fait deux malheureux sans le savoir ! Dites-moi vite le nom de celle qui pleure la-bas et qu'elle vienne bientôt ici : elle sera Madame Jacques et Montreuil aura une laitière ».
Monsieur VON DER WEID vint chercher Marie-Françoise à la Buchille. Il n'eut pas beaucoup de mal à convaincre sa mère, désormais veuve. Jacques était devenu un bon parti. Des grands de ce monde s'occupaient de lui. A la fin du mois d'avril 1789, Marie-Françoise avait rejoint Jacques. Les deux amoureux se marièrent le 10 mai 1789 en l'église Saint Symphorien à Versailles, faubourg de Montreuil. Les époux reçurent de sublimes présents dont des cuillères et une fourchette au monogramme de Jacques BOSSON. La princesse fit aménager un nouvel logement pour ses protégés. Cette histoire avait fait le tour de la cour. Elle méritait bien une romance. Elle fut composée par Madame la Marquise de TRAVANET, née de BOMBELLES, dame de compagnie de Mme Élisabeth. Comme dans un conte Jacques et Marie-Françoise furent heureux et ils eurent .... une fille, Marguerite-Françoise, née le 19 mars 1790.
Malheureusement à la naissance de l'enfant, les affres de la Révolution avait déjà mis fin au conte de fée. Dés le 28 juillet 1789, Jacques avait été enrôlé dans la Garde Nationale. Les événements se précipitèrent. Le 5 Octobre, Madame Élisabeth quittait définitivement Montreuil. Le lendemain, elle faisait partie du cortège qui emmena « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » aux Tuileries, au coeur du Paris révolutionnaire. Jusqu'au printemps 1793, le vacher et la laitière s'acharnèrent à entretenir la « vacherie » comme on appelait une laiterie à cette époque. Ils n'abandonnèrent pas leur bienfaitrice, Jacques continua à lui apporter sa crème jusque que dans les geôles du Temple. Puis vint la temps de la suspicion : Marie-Françoise était emprisonnée, Jacques s'enfuit en Suisse avec leur fille, Montreuil était pillé. Madame Élisabeth mourut sur l'échafaud le 10 mai 1794. Jacques revint une dernière fois en France pendant l'été de cette même année. Marie-Françoise fut libérée mais sa santé était irrémédiablement atteinte et le couple ruiné. Les deux époux retournèrent alors à Bulle. Ils disparurent de